
Déclaration de la quatrième Conférence Ouest Africaine sur l’Agriculture Écologique et Biologique
Ce jour Mercredi 06 Décembre 2017, nous participants à la quatrième conférence
Ouest Africaine sur l’agriculture écologique et biologique tenue à Bamako du 05-06
Décembre 2017 sur le thème : ‘Opportunités Emergentes de l’Agriculture
Ecologique et Biologique : Opportunités pour les développements
nationaux et régionaux en Afrique’.
Constatons que le système agricole et alimentaire global actuel est non durable sur les
plans écologique, économique, politique et socioculturel en raison de son impact
négatif sur l’environnement, les ressources naturelles et la biodiversité, son incapacité
à nourrir le monde de façon durable et saine afin de résoudre le problème de la faim.
Le continent Africain est particulièrement concerné avec environ 3,3% de perte du
Produit Intérieur Brut agricole chaque année à cause de la dégradation des sols, la
pollution de l’air, de l’eau avec ses ressources aquatiques. A cela s’ajoute, la
contamination de la santé humaine et animale et l’amenuisement de la biodiversité
avec les pratiques agricoles conventionnelles. Ce sont les raisons majeures
responsables de plus de 200 millions d’Africains, soit environ 23% de la population,
souffrent encore de faim;
Reconnaissons la nécessité de développer des modèles alternatifs de production et decommerce pour juguler la crise écologique, économique, politique et socioculturel dusystème agricole et alimentaire actuel;
Reconnaissons le potentiel de l’agriculture écologique et biologique y compris lecommerce équitable à contribuer à l’amélioration de la sécurité alimentaire, desrevenus, de la préservation de l’environnement et des ressources naturelles, de larésilience des communautés rurales, et la construction d’un monde de justice et desolidarité intra et intergénérationnelle ;
Apprécions et encourageons les efforts des différents acteurs, notamment la sociétécivile (ONGs, Organisations de producteurs, coopératives, fédérations, Unions, etc.),les réseaux nationaux et internationaux, les entreprises privées, les institutions derecherche et de formation, les divers partenaires techniques et financiers, qui pendantlongtemps ont oeuvré pour l’émergence d’une conscience environnementale quiconverge vers la promotion d’une agriculture respectueuse de l’environnement,économiquement viable, socialement juste, et culturellement adaptée ;
Saluons la clairvoyance et l’initiative des Chefs d’Etat et de Gouvernement de l’UnionAfricaine pour la résolution Doc. EX.CL/631 (XVIII) en faveur de la promotion del’agriculture écologique et biologique au regard de sa potentialité à contribuer à lasécurité alimentaire, à la réduction de la pauvreté rurale et à la résilience auchangement climatique.
Remercions la Commission de l’Union Africaine pour la facilitation et l’appui à la miseen place de ladite Initiative Agriculture Ecologique et Biologique visant l’intégrationdes principes et valeurs de l’agriculture écologique et biologique dans les politiques etprogrammes de développement agricole des pays africains ;
Exprimons notre gratitude aux principaux partenaires techniques et financiers,notamment la Coopération Suisse pour le Développement (DDC) et la Société Suédoisede Conservation de la Nature (SSCN) pour leur appui financier à la mise en oeuvre decette initiative ;
Reconnaissons que malgré le chemin parcouru et les ‘success stories’ le développementde l’agriculture écologique et biologique sur le continent africain, et en Afrique de
l’Ouest en particulier, est encore confronté à de nombreux défis dont la :
1. la recherche, la documentation et la communication sur les avantages del’agriculture écologique et biologique ;
2. l’insuffisance d’infrastructures de connaissances (recherche, vulgarisation,enseignement) sur l’agriculture écologique et biologique ;
3. la dépendance de l’agriculture écologique et biologique des systèmes semenciersconventionnels;
4. le coût élevé de la certification bio et des produits issus de l’agriculture biologique;
5 l’inexistence ou insuffisance du marché intérieur;
6. le manque d’information et d’engagement des consommateurs dans la promotionde l’agriculture écologique et biologique ;
7.la perception dominante erronée de l’agriculture écologique et biologique comme une option de luxe, moins pertinente pour l’Afrique ;
8. l’absence ou faible de politiques nationales en faveur de l’agriculture écologique etbiologique ;
Sommes parvenus à la conclusion que la meilleure stratégie pour relever les principaux défis susmentionnés reste l’institutionnalisation de l’agriculture écologique etbiologique ;
Recommandons que l’institutionnalisation de l’agriculture écologique et biologique doit tenir compte de la complexité du contexte écologique, économique, politique et socioculturel du continent africain et de la région ouest africaine en particulier, et s’intégrer dans une perspective holistique, inclusive en intégrant la diversité de catégories d’acteurs (décideurs politiques, ONGs, secteur privé, recherche/universités, vulgarisation/conseils, organisations de producteurs, associations de consommateurs) du niveau supra au sub national et vice-versa ;
Recommandons au niveau régional :
Sous le leadership de AfrONet et la Plateforme Ouest Africaine de l’agriculture écologique et biologique, le développement d’un standard régional ouest africain sur l’agriculture écologique et biologique à l’image du Kilimo-hai en Afrique de l’Est afin de baisser le coût de la certification et ouvrir la voie à la possibilité d’un standard unique africain à moyen terme qui aura plus de légitimité politique en terme d’accréditation par l’Union Européenne, les Etats- Unis et le Japon qui constituent aujourd’hui les principaux marché des produits bio en particulier
la mise en place d’une coalition régionale sous l’égide de la CEDEAO et du CORAF/WECARD pour l’intégration des principes et valeurs de l’agriculture écologique et biologique dans les mécanismes et initiatives régionaux de développement agricole (recherche développement, vulgarisation-conseils, commerce)
la mise en place d’un système régional d’information sur le marché pour les produits de l’agriculture écologique et biologique plus de transparence et l’amélioration des relations d’affaires dans les chaînes de valeurs agricole écologique et biologique.
Recommandons au niveau national :
l’intégration de l’agriculture écologique et biologique dans les lois et politiquesd’orientation agricole et la prise de décrets et d’actes administratifs valorisant leterroir, les paysages et intégration de l’agriculture, de l’élevage, de la pêche, etde la foresterie de même que le caractère sacré de la vie (Produire sans détruire);
le renforcement du dialogue entre la science, la politique, et la société par lapromotion de la transdisciplinarité et de l’approche écosystémique dans larecherche et le développement agricole;
la réforme de l’enseignement et de la vulgarisation par l’intégration des valeurs, principes et standards de l’agriculture écologique et biologique dans les curricula de formation à tous les niveaux d’enseignement général et technique ;
la consécration de 1% des budgets nationaux à la promotion de l’agriculture écologique et biologique
le renforcement de la place et de la position des femmes et des jeunes dans l’agriculture écologique et biologique par la facilitation de leur accès à la formation et l’information sur l’agriculture écologique et biologique
Recommandons au niveau local :
l’appui institutionnel à la promotion du Système participatif de garantie (SPG) pour favoriser le développement du marché local des produits de l’agriculture écologique et biologique ;
la valorisation des spécificités socioculturelles, de la tradition et des connaissances des communautés locales dans le développement de l’innovation agricole ;
l’intégration des principes de l’agriculture écologique et biologiques dans les plans de développement communaux.
Félicitons la Plateforme Malienne pour l’Agriculture Ecologique et Biologique et le comité d’organisation pour le succès de cette quatrième édition de la Conférence Ouest Africaine sur l’agriculture Ecologique et Biologique ;
Remercions les principaux partenaires techniques et financiers qui ont supporté cet événement, notamment la Coopération Suisse pour le Développement (DDC), Biovision, SECO, HELVETAS, AVSF, IFOAM, Agro Eco-Louis Bolk Institute, Éléphant vert Sassakawa Global 2000, AfroNet, et.
Exhortons tous les participants et les différents partenaires techniques à oeuvrer pour la mise en application des recommandations issues de cette conférence ;
Apportons notre soutien à la Plateforme du Ghana pour l’organisation de la 5ème Conférence Ouest Africaine en 2019.
Poursuivons notre engagement commun pour la promotion d’une agriculture vertueuse sur le continent africain, et en Afrique de l’Ouest en particulier.